Histoire Des Libertines (73) : Christine Granville, L’Espionne

UN PERSONNAGE D’EXCEPTION, UNE BEAUTE DU DIABLE

Ce récit sera atypique, car ce n’est pas d’une libertine dont je vais parler, mais d’une femme libre et admirable, dans tous les sens du terme, y compris dans sa vie sentimentale: Christine Granville, celle qui inspira l'auteur de James Bond.

Née Krystyna Skarbek, de son nom de guerre Christine Granville (1908-1952) était une espionne britannique d’origine polonaise.

Figure romanesque et femme d'exception, elle connut un destin aussi périlleux que rocambolesque qui inspira romanciers et cinéastes.

Figure mythique de l’espionnage britannique et notamment du Special Operation Service (SOE). Courageuse, brillante, polyglotte, sportive de haut niveau et dotée d’un culot hors du commun, cette fille d’un père aristocrate polonais et d’une mère juive issue d’une famille aisée passera à la postérité sous le pseudonyme de Christine Granville.

Femme libre et intrépide, Christine Granville a marqué durablement l’histoire des services secrets britanniques et la culture populaire. Selon la légende, elle aurait même inspiré des personnages féminins célèbres de la saga James Bond au romancier Ian Fleming.

Krystyna est certainement l'espionne la plus extraordinaire de la Seconde Guerre mondiale : elle était intelligente, courageuse, et terriblement ensorcelante. D'après les documents que l'on a recueillis sur sa vie, on sait que les hommes étaient prêts à tout sacrifier pour la posséder. Cette aventurière était adulée des hommes qui étaient amoureux fous de sa « Beauté du diable ».

Femme libre, Krystina n’est à l’évidence pas une grande libertine, même si elle eut de nombreux amants et fut adultère. J’ai pourtant souhaité évoquer ici cette belle figure et sa vie pleine d’aventures et de courage.

Collectionnant les amants et les faits d'armes, elle s'expose au danger avec un courage effrayant et s'offre aux hommes avec l'énergie du désespoir.

Son arme la plus dévastatrice était sa capacité à charmer les hommes, comparée par un admirateur à « un projecteur qui pouvait aveugler n’importe qui dans son faisceau ».

Son histoire montre aussi comment les résistants au nazisme de son pays qui combattirent dans l'armée britannique furent à la fin de la guerre, congédiés sans états d'âme et abandonnés au sort peu enviable d'émigrés sans travail ou contraints à des tâches subalternes.

ISSUE DE L’ARISTOCRATIE POLONAISE

Krystyna Skarbek nait le 1er mai 1908 à Varsovie, la Pologne étant alors province russe. Elle est la fille du comte Jerzy Skarbek et de Stefania Goldfeder, fille d’un riche banquier d'origine juive. Krystyna grandit dans le confort à Trzepnica dans la propriété de campagne maternelle. Elle est très proche de son père et adopte une attitude de garçon manqué relativement inhabituelle pour l'époque.

Dans les années 1920, confrontée à des difficultés financières, la famille est contrainte de vendre la propriété familiale et s'établit de nouveau à Varsovie. Son père décède en 1930 d'une tuberculose. L'empire financier des Goldfeder s'étant effondré, il devient difficile de supporter le train de vie de la veuve Stefania et ses s. Par souci de ne pas être un fardeau pour sa mère, Krystyna décide de travailler pour un concessionnaire Fiat. Cependant les dégagements de pot d'échappement la rendent malade. Elle quitte son poste et sur les conseils de son médecin, entame un séjour au grand-air dans les monts Tatras au sud de la Pologne, lors duquel elle devient une habile skieuse.

DEUX MARIAGES ET UN DESTIN BOULEVERSE PAR LA GUERRE

Prenant part à un concours de beauté, « Krysia » est élue l'une des plus belles Polonaises en 1930.

Le 21 avril 1930, elle se marie avec Gustav Karol Getlich, un homme d’affaires, mais cette union ne dure que quelques mois. Ils divorcent par consentement mutuel. Le 2 novembre 1938, alors âgée de 30 ans, elle épouse l’écrivain et diplomate Jerzy Giżycki.
Celui-ci est bientôt nommé consul de Pologne à Nairobi, et le couple part rapidement s’installer en Afrique orientale britannique.

En septembre 1939, quand l’Allemagne envahit la Pologne, le couple décide de partir pour Londres, où Krystyna cherche à offrir ses services dans la lutte contre l’ennemi commun. Les autorités britanniques marquent peu d’empressement, mais finissent par être convaincues par ses relations, notamment le journaliste et contact du Secret Intelligence Service (MI6) Frederick Voigt.

Elle part pour le Royaume de Hongrie en février 1940. Elle persuade un skieur olympique polonais d’avant-guerre, Jan Marusarzc, de l’accompagner en Pologne en traversant les montagnes Tatras couvertes de neige.

La vie sentimentale de Krystina est aussi tumultueuse que ses missions.

Au fil des années, la vie de Christine Granville ressemble de plus en plus à l’intrigue d’un roman d’espionnage. En véritable femme fatale, elle n’hésite pas à user de ses charmes pour obtenir des informations confidentielles et mener à bien ses missions, tout en faisant preuve d’un incroyable sang-froid lorsqu’elle se retrouve dans des situations compliquées.

Au risque de sa vie, elle traversera la frontière à quatre reprises. C'est ainsi qu'elle rencontre Wlodzimierz Ledochowski (1910-1987), qui devient son amant. Quelque temps après, envoyés en mission très dangereuse, le couple sera arrêté par un douanier tchèque qui les conduit à la Gestapo. C'est alors que Krystyna trouve un moyen de se sortir de cette situation très dangereuse, en offrant son collier aux douaniers – ceux-ci se battent alors pour les prétendus diamants, courant après les cristaux dispersés et permettant ainsi au couple de s'échapper dans la forêt.

Pendant qu’elle est en Hongrie, elle retrouve Andrzej Kowerski, (1912-1988) un officier polonais qu'elle a connu brièvement dans son enfance à Zakopane. Kowerski, qui a perdu une partie d’une jambe dans un accident de chasse avant la guerre, exfiltre du personnel militaire polonais et allié, et recueille des renseignements.


Les deux agents remplissent de nombreuses missions de renseignement, de surveillance et de sabotage.

En janvier 1941, elle est arrêtée par la Gestapo avec Kowerski, mais elle s’arrange pour obtenir leur libération en feignant les symptômes de la tuberculose. Les deux agents réussissent à s’échapper de Hongrie à travers les Balkans et la Turquie pour gagner l'Égypte.

À leur arrivée au Caire en Égypte, ils sont en butte à la défiance de leurs supérieurs sur les conditions de leur évasion. Ils sont finalement blanchis mais restent sur la touche.

Krystyna avoue à son mari qu’elle aime Kowerski et qu’elle a décidé de ne pas revenir vers lui, celui-ci part pour Londres puis émigre au Canada. Ce n'est qu'en 1943 que Christine et Kowerski reprennent les entraînements militaires, Krystyna Skarbek comme agent de terrain et Andrzej Kowerski comme instructeur.

Il devient vite évident que Christine ne peut travailler que comme agent de terrain car, dès qu'elle apparaît dans un bureau, tous les hommes cessent de travailler. Elle va subir à Alger un entraînement de choc, pour les missions les plus dangereuses, seule femme parmi les hommes : opératrice-radio, maniements d'armes et d'explosifs, parachutisme.

C’est en 1944 en France que Christine accomplira ses plus brillants faits d’armes, à Vassieux-en-Vercors, puis à Digne. Elle apprend l’arrestation de plusieurs agents importants, parmi lesquels figure son amant, Francis Cammaerts (1916-2006), qui supervise les opérations secrètes britanniques et coordonne le soutien de la résistance française aux troupes alliées dans le sud de la France.

Son culot lui permettra notamment de délivrer trois agents britanniques aux mains de la Gestapo.

LE DESTIN TRAGIQUE D’UNE FEMME LIBRE

Après la guerre, les autorités britanniques tardent à lui accorder la citoyenneté britannique. Elle ne lui sera accordée qu'en décembre 1946, date à laquelle elle adopte alors définitivement son nom de guerre « Christine Granville ».


Décorée de la Croix de guerre, l’intrépide espionne a du mal à s’habi à la vie civile anglaise et ne peut rentrer chez elle, en Pologne, désormais communiste.

Son divorce avec Jerzy est prononcé au consulat de Pologne à Berlin la même année. Kowerski travaille alors en Allemagne, leur relation s'arrête, et on prête à Krystyna une liaison avec Ian Fleming à cette époque. Elle enchaine alors les petits boulots puis s'engage comme hôtesse sur le navire Rauhine de la compagnie Shaw Savill Line jusqu'en mai 1951.

En 1952, elle commence à travailler comme hôtesse sur le Winchester Castle de la compagnie Union-Castle Line. Le 14 juin, elle est à Londres, le paquebot revenant de Durban en Afrique du Sud. Elle compte se rendre en Allemagne deux jours plus tard pour un nouveau départ dans sa relation avec Andrzej. Le 15 juin 1952, au Shelbourne Hotel dans le quartier d'Earls Court à Londres, elle est poignardée par Dennis George Muldowney. Celui-ci est un ancien steward dans la marine marchande, rencontré sur la Shaw Savill Line, dont elle a repoussé les avances. Selon certaines sources, Muldowney fut le dernier en date de ses amants, qui commit ce crime passionnel parce que la belle Christine ne s’intéressait plus à lui.

Elle meurt quelques heures plus tard. Son meurtrier sera exécuté.

Les cendres d'Andrzej Kowerski, alias Andrew Kennedy, furent transférées à sa mort, en 1988, aux côtés de celle qu'il ne cessa jamais d'aimer.

PARMI LES SOURCES :

Je renvoie à l’article Wikipédia dont je me suis inspirée, ainsi qu’aux liens suivants :

• https://dailygeekshow.com/krystyna-skarbek-christine-granville-espionne-agent-secret-seconde-guerre-mondiale/

• https://www.le-mot-juste-en-anglais.com/2013/11/le-coup-de-couteau-au-c%C5%93ur-dune-casse-c%C5%93ur.html

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